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The Promise of Tierra del Fuego

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Synopsis
Tomás, 16 ans, est un jeune Argentin originaire de la Terre de Feu, abandonné à la naissance et vivant seul à Ushuaïa. Travaillant modestement dans une poissonnerie, il nourrit un rêve simple et tenace : devenir footballeur. Le jour de la finale de la Coupe du Monde 2022, un événement inattendu déclenche en lui un mystérieux système lié au football.
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Chapter 1 - 1 - The silence of Victory

Ushuaïa, Terre de Feu — 18 décembre 2022

Le silence, ce soir-là, était plus fort que tous les cris.

La neige n'était pas tombée depuis trois jours, mais le vent du sud fouettait encore les vitres du petit appartement de l'avenida San Martín, là où les touristes ne s'aventuraient jamais. La lumière du salon était jaune, fatiguée, et dans l'écran poussiéreux d'une télé Samsung vieille de dix ans, l'image figée montrait Lionel Messi à genoux, les bras levés vers le ciel.

L'Argentine était championne du monde.

Et pourtant, dans ce deux-pièces, on n'entendait rien. Aucun cri. Aucun rire. Juste le souffle lent d'un adolescent assis en tailleur sur un vieux tapis râpé, les yeux grands ouverts.

Tomás Echeverría, seize ans, fixait l'écran sans vraiment le voir.

Il avait vu chaque minute de ce match.Il avait vécu chaque but comme une montée d'adrénaline.Et pourtant, maintenant que c'était fini, il se sentait... vide.

Pas triste. Pas heureux non plus. Juste... suspendu.

Comme si son cœur avait raté un battement et attendait encore la suite.

Son regard glissa lentement vers la fenêtre.Dehors, la ville explosait.

Des feux d'artifice craquaient dans le ciel, des chants s'élevaient dans les rues gelées. Ushuaïa, pourtant habituée au silence des baleines et au vent des glaciers, vibrait comme Buenos Aires. Même ici, au bout du monde, Messi avait allumé quelque chose.

Tomás se leva. Pieds nus sur le parquet froid. Il s'approcha de la vitre, posa son front contre le verre.

Un frisson lui traversa l'échine. Il ne portait qu'un t-shirt blanc et un pantalon de survêtement. Ses cheveux bruns collaient un peu à son front, et ses yeux, ce bleu glacier qu'il tenait de personne – puisqu'il n'avait jamais connu ses parents – brillaient d'un éclat dur.

Il était seul. Comme toujours.

Il avait grandi à Ushuaïa, dans un centre pour mineurs. Mais à 14 ans, il était parti. Pas par courage. Par refus.

Refus de rester dans un système qui ne croyait pas en lui.Refus d'être "le garçon sans nom", celui qu'on oublie.

Il avait trouvé un petit studio grâce à un homme qu'il appelait "Don Luis", un retraité du port qui avait été marin toute sa vie. C'est lui qui l'avait aidé à décrocher un job à la poissonnerie "El Mar Azul", près du port touristique.

Chaque matin, Tomás se levait à 5h. Il partait en vélo, même sous la neige, les mains gelées sur le guidon, le visage coupé par le vent. Il filait entre les rues sombres jusqu'à la poissonnerie, où l'odeur du poisson frais le réveillait mieux que n'importe quel café.

Il lavait. Coupait. Emballait.

Et parfois, quand le patron le laissait, il livrait. Il gagnait juste assez pour payer son loyer, quelques courses, et le chauffage. Pas de luxe. Pas de sorties. Juste une routine bien huilée.

Mais ce soir, quelque chose avait craqué dans cette routine.

[Système de Développement du Joueur Activé.]

La voix résonna dans son esprit. Calme. Claire. Aucune émotion.

Tomás recula d'un pas. Ses yeux s'écarquillèrent. Devant lui, un écran flottant venait d'apparaître, suspendu dans l'air. Bleu pâle. Semi-transparent.

Nom : Tomás EcheverríaÂge : 16 ansPosition suggérée : Milieu offensif / Faux 9

Statistiques actuelles :

Vitesse : 52

Dribble : 49

Finition : 43

Vision : 50

Endurance : 46

Potentiel : Indéterminé

Mode Entraînement : Activé

Il ne bougea pas.

Un système ? Sérieusement ? C'était une blague ? Un délire ?Mais tout paraissait réel. Trop réel.

Il ferma les yeux. Respira profondément. Puis les rouvrit.

L'écran flottait toujours là.

Il tendit la main. Rien. Il passa au travers.

Pas de bruit. Pas de contact. Juste... une présence.Une vérité qu'il ne comprenait pas encore.

Il n'avait jamais cru aux miracles. Ni aux dieux, ni aux rêves.

La vie l'avait vite appris : personne ne viendrait le sauver. Il n'avait pas de père avec un club derrière lui. Pas de mère pour l'emmener aux entraînements. Juste des jambes, une volonté, et un ballon qu'il gardait caché dans le placard de sa cuisine.

Mais maintenant, il avait... ça.

Et pour la première fois, il sentit que le monde le regardait en retour.

Il passa la nuit sans dormir.

Pas d'Internet pour chercher "système de football réveillé après finale du monde". Pas de confident. Juste ses pensées, et ce sentiment étrange dans la poitrine. Un mélange de peur, d'espoir et d'impatience.

Il s'endormit à l'aube, enroulé dans une couverture, le ballon contre lui comme un talisman.

19 décembre 2022 — 05h08

La radio grésilla dans le noir.

"...et les festivités continuent partout dans le pays. À Buenos Aires, plus de deux millions de personnes..."

Tomás éteignit le réveil. Il se leva lentement. Fatigué, mais éveillé.

Sa routine commença comme toujours : douche froide — parce que l'eau chaude marchait une fois sur deux —, bol de maté cocido, puis veste en laine, bonnet, gants.

Le vélo l'attendait dans le couloir. Il l'enfourcha, et fila dans les rues encore désertes d'Ushuaïa.

Mais quelque chose avait changé.

Chaque mouvement qu'il faisait semblait analysé, mesuré.Comme si un programme invisible prenait note de tout.

Quand il leva une caisse de poisson :

[Force +0.01]Quand il courut pour rattraper un carton :[Endurance +0.02]

Rien de magique. Rien d'explosif. Juste... une trace.Une preuve.

Le système existait. Et il le surveillait.

À midi, il finit son shift. Il refusa l'invitation de Rodrigo, un collègue de 19 ans, pour aller "boire un coup en l'honneur de Messi".

Il rentra chez lui. Mangerait un sandwich. Et puis, il irait s'entraîner.

Mais pas comme avant.

Il n'y avait pas de vrai terrain à Ushuaïa. Juste un parking désaffecté, à côté d'un entrepôt abandonné. Les gosses du coin y avaient peint des lignes au sol, placé deux cages rouillées sans filets. Parfois, le vent emportait les ballons. Parfois, des renards s'y aventuraient la nuit.

Mais pour Tomás, c'était un temple.

Il y venait depuis qu'il avait 10 ans.Il y venait seul. Toujours.

Ce jour-là, il posa son sac à terre. Sortit son ballon. Il avait emporté deux bouteilles d'eau, une corde à sauter, des cônes d'entraînement qu'il avait volés à l'école primaire. Et un carnet.

Il nota l'heure.

14h27

Et il commença.

Dribbles entre cônes.Sprints en montée.Rebond du ballon contre le mur.Finition dans la cage rouillée.

Chaque exercice, il le faisait avec obsession. Pas pour briller. Pas pour impressionner. Mais pour progresser. Même de 0.01.

Et le système répondait :

[Dribble +0.03][Finition +0.02][Endurance +0.06]

Rien de spectaculaire. Mais ça fonctionnait.

À 16h41, il s'écroula au sol, trempé de sueur, les mains sur le visage.

Et il souriait.

Le soir, il s'arrêta chez "Don Luis". L'ancien marin l'accueillit avec un thé chaud et un morceau de pain beurré.

Ils parlèrent peu. Juste de la mer, du vent, de Messi.Mais Tomás aimait ces silences.

Avant de partir, Don Luis le regarda longuement.

— Tu t'entraînes, hein ?

Tomás haussa les épaules.

— Je veux voir jusqu'où je peux aller.

Le vieil homme sourit.

— Tu iras loin. Si tu continues à marcher, malgré la neige.

Et cette nuit-là, dans le silence glacé de son petit appartement, Tomás s'allongea sur son matelas à même le sol. Le chauffage poussif tournait en fond. Il ferma les yeux.

Et pensa.

"Statistiques."

L'interface apparut dans l'air devant lui, comme toujours. Transparente, discrète, calme. Aucun son. Aucune lumière vive. Juste cette sensation que quelqu'un — ou quelque chose — suivait ses pas.

Statistiques mises à jour :

Vitesse : 52.0 → 52.1

Dribble : 49.0 → 49.3

Finition : 43.0 → 43.2

Vision : 50.0

Endurance : 46.0 → 46.4

Progrès observé : Lent mais stable.Conseil : Maintiens l'effort. Repos nécessaire dans 6h max.

Il resta un long moment à observer l'interface.Le cœur lent. L'esprit calme.

Les chiffres ne mentaient pas.Il n'avait pas rêvé.Il avançait. Un pas à la fois.

Pas d'éclat magique. Pas de super-pouvoir. Juste du travail. De la sueur.Et ce murmure silencieux qui disait : "continue."